samedi, avril 20, 2024
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Lutte contre le chômage des diplômés au Burkina Faso : Quelle place à la vocation ?

Le chômage est malheureusement une réalité que vit la jeunesse dans le pays des Hommes intègres. Il constitue, selon plusieurs spécialistes, un terreau fertile pour le terrorisme qui est une préoccupation actuelle pour le Burkina Faso. Défini comme « une situation de manque de travail », le chômage  grandissant est l’un des fléaux  qui entrave le développement de nos sociétés ces dernières années.

Pour expliquer ce phénomène, on s’accorde à dire que le manque de boulot au Burkina est le signe criard que les politiques devraient approfondir leur vision des choses, c’est-à-dire concevoir et exécuter une politique d’emploi adaptée aux priorités du moment .

C’est en ce sens qu’on estime « qu’il ne faut plus continuer à former des philosophes  et des juristes … par milliers alors qu’ils n’auront pas de boulot ». Mais la question qui se pose est celle de savoir si une telle vision des choses tient compte de la vocation des individus.

En général chaque individu aspire à exercer un métier correspondant à sa vocation qu’il s’est préalablement découvert. C’est ainsi que l’on peut facilement être dévoué à son travail. Du reste, c’est le sens de ce conseil de Confucius : « Fais de ta passion ton métier  et tu n’auras plus à travailler de ta vie ». D’ailleurs, on peut bien comprendre que les gens qui s’inscrivent en nombre important dans certains domaines d’étude, le font en raison de leur vocation. Car dans nos universités publiques, l’orientation tient souvent compte du choix de la discipline d’étude du candidat. Mais dans notre contexte social de pauvreté où l’insertion professionnelle dans l’emploi correspondant à notre vocation (le plus souvent dans un corps de la fonction publique) devient aléatoire, quel sens faut-il donner à sa vocation ? Ne faut-il pas chercher à parer au plus urgent qui est de pouvoir trouver simplement un emploi à même de nous permettre de subvenir à nos besoins?

A cette dernière question, nos gouvernants semblent répondre par l’affirmative.

En effet, de plus en plus nos autorités adoptent des politiques tendant à proposer des réponses au problème du chômage à travers la création de certains emplois qui restent néanmoins précaires. C’est le cas des travaux à Haute intensité de main-d’œuvre, en milieu rural(HIMO), et des Volontaires adjoints de sécurité(VADS).

En outre, nous pouvons faire le constat de l’invite souvent faite à la jeunesse de s’orienter vers le secteur privé, l’entrepreneuriat. Car, le domaine agricole notamment, semble offrir des perspectives d’emploi susceptibles d’absorber cette masse de chômeurs au pays de Rock Marc Christian  KABORE ; cela, d’autant plus qu’ils pourront ainsi permettre de parvenir à l’autosuffisance alimentaire.

Mais il reste que nos gouvernants doivent travailler à aplanir beaucoup de difficultés auxquelles le secteur privé se trouve confronté. C’est ainsi que les jeunes dont le rêve de travailler à la fonction publique ne peut être immédiatement réalisé, pourront bien s’employer dans le secteur privé. Ils pourront d’ailleurs apprendre à aimer ce qu’ils y font. Car la vocation n’est pas figée : elle peut apparaitre au gré des opportunités professionnelles. C’est le sens de cette affirmation de Judith Schlanger pour qui « C’est dans l’épreuve que la personne se révèle. En d’autres termes, c’est dans le feu de l’action  que se révèlent le goût et le dégoût, les capacités et limites, les talents et faiblesses ».

En définitive, même si Blaise Pascal soutient que « La chose la plus importante à toute vie est le choix du métier », il n’en demeure pas moins que l’adéquation de son métier et ses aspirations resteront un idéal difficilement atteignable  étant donné que « former des jeunes à des filières sans s’assurer de leur employabilité, c’est se préparer  sa petite bombe sociale  très déstabilisante ».

Roukiétou Soma

 

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