
La chambre criminelle de la Cour d’appel de Fada N’Gourma a condamné à 20 ans de réclusion, le 7 avril 2025 à Tenkodogo, les principaux accusés dans les meurtres de Alimata Sana, une restauratrice et Moussa Sanou, un gendarme, tués en décembre 2022 et pour la tentative de meurtre sur une autre victime en 2023, à Tenkodogo.
La main de la Cour d’appel de Fada N’Gourma n’a pas tremblé face à plusieurs prévenus ayant comparu pendant les assises criminelles, tenues à Tenkodogo, du 1er au 7 avril 2025. En guise d’exemple, le dernier jour de ces audiences, la chambre criminelle a condamné D.H.A., un élève et K.R., un soudeur spécialisé dans le vol de motos, à 20 ans de prison ferme, respectivement pour des faits de meurtre et tentative de meurtre sur les personnes de Alimata Sana, une restauratrice et Moussa Sanou, un gendarme, et sur un vigile, tous résidant à Tenkodogo au moment des faits.
Dans la nuit du 12 au 13 décembre 2022, D.H.A et ses complices décident d’aller cambrioler une boutique. Mais ce jour-là, les choses ne se passent pas comme prévu. Les braqueurs sont vite repérés par le pandore qui les prend en course-poursuite au cours de laquelle, il parvient à immobiliser un de ses bourreaux. D.H.A. prend la fuite, puis se retourne et constate que son camarade est dans une mauvaise posture. Pour l’en sortir, il se saisit d’une pierre, s’approche du gendarme, qui avait mis son camarade à terre et l’assomme mortellement, explique-t-il avec regret à la barre.
Quelques jours après, toujours courant décembre 2022, D.H.A. récidive. Cette fois, sa victime est une restauratrice. Il est aidé pour ce second meurtre par K.R., un soudeur, qui lui propose d’aller retirer le scooter et le sac à main de dame Sana lorsque celle-ci va être de retour à la maison. Pour réussir, il demande à D.H.A. de se faire accompagner par deux jeunes mineurs, tous des élèves. K.R. refuse cependant de participer à l’exécution du braquage.
Faire le guet-apens
Il explique à ses complices qu’il ne peut pas prendre part à l’opération au risque d’être identifié parce qu’il mange régulièrement dans le restaurant de celle qui allait être la victime. Afin que tout se passe sans heurt, K.R. donne à D.H.A. un pistolet automatique, chargé de munitions, qui va servir, selon lui, à ‘’intimider la victime’’. Il lui indique ensuite le domicile de celle-ci. Le plan macabre arrêté, les jeunes se rendent au domicile de la victime pour faire le guet-apens.
Lorsque dame Sana arrive, à peine a-t-elle le temps de s’immobiliser que ses bourreaux surgissent. Elle tente d’appeler au secours. Mais ses cris sont vite éteints par D.H.A qui dit avoir tiré une seule balle sur Alimata Sana. Les deux autres membres du groupe s’emparent du sac à main de la victime contenant la somme de 240 000 F CFA et sa moto qu’ils vont vendre, quelques jours après, à 300 000 FCFA. Les mêmes sont impliqués, toujours dans la ville de Tenkodogo, dans une tentative de meurtre sur un vigile qu’ils vont laisser pour mort avant que celui-ci ne revienne à la vie.
Pour le procureur général, les faits de meurtre et tentative de meurtre sont constitués. Il requiert donc 30 ans de prison ferme et une amende de 5 millions F CFA contre les deux délinquants ainsi que trois autres prévenus, B.E., Y.R et O.R., également impliqués dans cette affaire. Cet avis n’est pas partagé par la défense qui plaide la clémence de la Cour au regard de la jeunesse et du statut d’élèves des accusés. Selon Me Roméo Meda, conseil de D.H.A, son client ne peut être poursuivi pour grand banditisme dès lors qu’il y a mort d’homme conformément à l’article 612-3 du Code pénal. Il est suivi dans ce sens par ses confrères de la défense.
« Ils ont reçu la sanction sociale »
Pour le prévenu B.E, la Cour a requalifié les faits de complicité d’acte de grand banditisme à son égard en tentative de vol simple et l’en a déclaré coupable. Elle a également requalifié les faits de grand banditisme en recel aggravé à l’encontre de Y.R. La Cour a prononcé l’acquittement au bénéfice du doute en faveur de O.R. accusé de détention d’arme à feu. En revanche, il est condamné pour avoir reçu la somme de 50 000 F CFA issue d’un crime.
Pour ces différents motifs, les trois prévenus ont écopé chacun de la peine de 5 ans dont 3 ferme et la peine de 500 000 F CFA assortie de sursis à exécution alors que les deux premiers ont pris chacun 20 ans de prison ferme. Pour ce qui est des deux mineurs K.A. et K.F.Y., également impliqués dans ce dossier, mais jugés séparément conformément aux dispositions du Code pénal, ils ont été acquittés pour des actes de grand
banditisme à eux reprochés.
Ils ont en revanche été reconnus coupables pour des faits de
complicité de meurtre et ont été condamnés à une peine d’emprisonnement de deux ans ferme et une amende de 500 000 F CFA assortie de sursis. Selon le substitut du procureur général près la Cour d’appel de Fada N’Gourma, Amidou Banhoro, les peines prononcées satisfont moyennement le ministère public. « Ce qui est satisfaisant, c’est que, pour certains chefs d’accusation, les accusés ont reçu la sanction sociale qui est l’emprisonnement et ont obtenu dans l’établissement pénitentiaire des leçons sur les règles de vie », déclare-t-il.
Anselme KAMBIRE
FASOINFOS.COM