Le plus vieux président d’Afrique Robert Mugabe a enfin démissionné de ses fonctions de chef d’Etat, mettant fin aux troubles populaires et politiques. La lettre de démission a été lue par le président du parlement. Des manifestations éclaboussantes de joie ont été ressenties à l’hémicycle, à l’intérieur du pays et même à l’extérieur.
Après deux semaines d’agitation, le Zimbabwe retrouve son accalmie Grace Mugabe, la secrétaire du président, la villageoise devenue première dame, comme elle aimait à le raconter, a toujours été perçue par les Zimbabwéens comme une arriviste, une femme qui aurait même profité du cancer de sa prédécesseure pour séduire Robert Mugabe, de 41 ans son aîné.
Grace n’a commencé à apparaître dans des meetings politiques qu’en 2012, mais c’est en 2014 qu’elle devient la présidente de la puissante Ligue des femmes de la Zanu-PF. C’est cette année-là qu’elle commence à s’en prendre violemment à tous ceux qui seraient susceptibles de remplacer son mari, avant même d’afficher son ambition de le remplacer.
Ce fut le cas de Joice Mujuru, la vice-présidente de l’époque pressentie pour remplacer le vieux chef d’Etat. Et Grace Mugabe rentre en campagne, multipliant les déclarations incendiaires contre tous ceux qui ne soutenaient pas son mari.
Elle est aussi connue pour ses coups de colère. En 2009, elle frappe un journaliste britannique. En août dernier, accusée d’avoir agressé un mannequin à Johannesburg, elle avait requis l’immunité diplomatique.
En présentant sa démission mardi sous la pression de l’armée, de son propre parti et de la rue qui a aussitôt laissé éclater sa joie, Robert Mugabe a mis un point final à 37 ans de règne sans partage.
Une semaine après un coup de force de l’armée, le plus vieux dirigeant en exercice de la planète, 93 ans, a annoncé sa décision historique dans une lettre au président de l’Assemblée nationale.
« Moi, Robert Gabriel Mugabe (…) remets formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat », a lu Jacob Mudenda, provoquant un tonnerre d’applaudissements dans les rangs des élus qui débattaient depuis quelques heures de la destitution.
« Ma décision de démissionner est volontaire. Elle est motivée par ma préoccupation pour le bien-être du peuple du Zimbabwe et mon souhait de permettre une transition en douceur, pacifique et non violente qui assure la sécurité nationale, la paix et la stabilité », a écrit le chef de l’Etat démissionnaire.
Très attendue, l’annonce du départ de l’homme fort du pays a été saluée par des milliers de personnes en liesse, dansant dans les rues de la capitale Harare sous un concert d’avertisseurs.
De la disgrâce à la grâce
Bombardé dimanche président du parti au pouvoir et candidat à l’élection présidentielle de 2018, Emmerson Mnangagwa sera président par intérim pour une période de 90 jours jusqu’à ce que la Zanu-PF organise des élections en interne. Un des défis auquel il va devoir faire face sera de prouver que malgré ces 50 ans passés aux côtés de Robert Mugabe, il peut apporter du changement.
En attendant, Emmerson Mnangagwa endosse déjà les habits de chef de l’Etat, fût-il par intérim. Dans un communiqué relayé par l’agence Reuters, il a dès le mardi soir indiqué qu’il aspirait à rassembler tous les Zimbabwéens pour la reconstruction du pays. Ce n’est pas, dit-il, la mission de la seule Zanu-PF, le parti au pouvoir, mais celle de l’ensemble de la population
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