Dans cette déclaration, Ablassé Ouédraogo, le président du parti Le Faso Autrement déplore le fait que « le Burkinabè est englué dans une situation où il tire le diable par la queue au quotidien. Et le comble est qu’il n’y a pas de perspective d’inversion ». Lisez plutôt.
Les sages nous ont toujours enseigné que : « Gouverner, c’est prévoir ». Et nous estimons qu’il n’est pas « primitif » d’ajouter que « Bien gouverner, c’est savoir choisir les priorités à réaliser en tenant compte du contexte du moment dans la communauté, voire dans le pays ».
Le 19 juillet 2017, au Palais de Kosyam, Me Halidou OUEDRAOGO, le Président de la Commission Constitutionnelle de 92 membres, a remis l’avant-projet de Constitution au Président du Faso, S.E.M Roch Marc Christian KABORE. Dans la démarche, il est attendu que le Chef de l’Etat renvoie le texte avec ses éventuels amendements à ladite Commission pour validation, avant qu’il ne soit soumis à l’Assemblée Nationale, puis à un référendum.
Si le Burkina Faso était dans une situation normale et pas dans celle de crise profonde multisectorielle jamais égalée que nous vivons tous, caractérisée par l’enracinement de la « Rochosité » généralisée, le choix fait par le Président KABORE de tourner la page de la quatrième république avec une nouvelle Constitution, peut se comprendre comme la réalisation d’une promesse de campagne. C’est légitime !
Malheureusement, le Burkinabè est englué dans une situation où il tire le diable par la queue au quotidien. Et le comble est qu’il n’y a pas de perspective d’inversion. Il est clair que pour ceux qui sont de vrais patriotes, aimant leur pays, de bonne foi et simplement objectifs, la priorité actuelle du Burkinabè dans ses préoccupations de survie au jour le jour, ne peut pas être l’adoption d’une nouvelle Constitution et le passage à une hypothétique 5ème république.
Donc, la réalisation de cette promesse de campagne peut encore attendre, sans déranger personne. Mieux, la majorité des Burkinabè comprennent et acceptent aujourd’hui que la réalisation de cette promesse de campagne du candidat Roch Marc Christian KABORE, n’est ni une priorité, ni une opportunité. D’autres priorités s’imposent aux Burkinabè dans le contexte actuel du Burkina Faso, fort différent de celui dans lequel s’est déroulée la campagne des élections présidentielle et législatives de novembre 2015.
Incontestablement, sont prioritaires et opportunes la réconciliation nationale, la sécurité, la justice, la réorganisation de l’économie, la remise au travail de la nation burkinabè et la restauration de l’autorité de l’Etat. La clé de voûte de l’avenir du Burkina Faso et des Burkinabè ne saurait être autre chose que la réconciliation, la seule issue qui nous reste, si l’on veut assurer un avenir à notre cher et beau pays et aux générations futures. L’avenir du Burkina Faso se trouve dans la réconciliation nationale, mais une vraie réconciliation, inclusive, sincère et définitive.
Tous les Burkinabè, de façon unanime, reconnaissent que seule la réalisation de la réconciliation nationale, en mettant au cœur du processus la justice équitable pour tous et comprenant des réparations, doit constituer la priorité des priorités dans les actions qui doivent être entreprises par le Président du Faso et son gouvernement, si vraiment ils aiment leur pays. Pour amorcer un réel développement et surtout durable, il faut forcément poser une fondation solide. Et cette fondation-là n’est autre qu’une véritable réconciliation entre l’ensemble des Burkinabè pour regarder dans une même et seule direction, et ainsi définir un destin commun pour le Burkina Faso.
Pour ce faire, les gouvernants de l’heure de notre pays doivent faire montre d’une volonté politique ferme et d’une sincérité réelle pour emprunter, sans complexe et avec détermination, le chemin de la réconciliation nationale. Le Burkina Faso regorge d’énormes acquis en la matière et ne part de zéro. Et ne dit-on pas que «qui peut le plus peut le moins ? ».
L’avantage d’aller ainsi d’abord à la réconciliation nationale avant d’adopter une nouvelle Constitution et de passer à une autre république, est que le contrat social qui sortira de ce dialogue inclusif national constituera la plateforme consensuelle que les Burkinabè se donneront pour leur « vivre-ensemble » dorénavant.
C’est cette plateforme qu’il faut alors codifier dans la nouvelle Constitution que les Burkinabè acclameront et le passage à la nouvelle République se fera tout naturellement comme une lettre à la poste et avec tous les Burkinabè ensemble, dans l’unité et la cohésion sociale. La construction de la nation burkinabè enregistrera alors des progrès considérables.
Force est de reconnaître que cette réorganisation indispensable des priorités au niveau de la gouvernance du Burkina Faso redonnera de l’espoir et plus de confiance au peuple Burkinabè dans ses efforts de se prendre en charge dans sa quête de développement. C’est cette confiance retrouvée dans un Burkina Faso réconcilié avec lui-même et avec ses partenaires de l’extérieur, qui lui permettra de se relancer dans son développement économique et social et de se stabiliser dans la paix et la sécurité.
En faisant de la sorte, il est à espérer que le fameux Plan National de Développement Economique et Social (PNDES), « la cour des miracles » du Président KABORE, réponde, un tant soit peu, aux conditionnalités posées par les partenaires techniques et financiers du Burkina Faso dans leurs intentions exprimées à la Table-Ronde des Bailleurs de Fonds, tenue les 7 et 8 décembre 2016, à Paris en France.
Ainsi, acceptons que quand « gouverner, c’est prévoir », « bien gouverner, c’est savoir se conformer et s’adapter au contexte du moment ».
Que Dieu offre l’apaisement des cœurs aux Burkinabè à travers l’amour pour le pays, le patriotisme, le pardon, la tolérance, la justice, somme toute, les ingrédients indispensables à la réconciliation nationale : notre avenir à tous.
Dieu bénisse le Burkina Faso.
« Rien n’arrête une idée arrivée à son heure »
Ouagadougou, le 10 août 2017
Le Président
Dr Ablassé OUEDRAOGO