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Burkina : Écologie et agrobusiness

Le groupe de recherche et d’action sur le foncier du Burkina Faso a produit un rapport d’étude sur l’impact de l’agrobusiness sur le foncier rural au Burkina Faso. Ce document de 77 pages paru en 2011 et intitulé « Agrobusiness au Burkina: quels effets sur le foncier et la modernisation agricole? », n’a pas eu à mon goût la publicité qu’il méritait ni une large diffusion. Et pourtant, beaucoup de vérités ressortent de ce document qui dénonce des choses dont on se doutait sans en avoir la preuve formelle.

Pour rappel, l’agrobusiness, c’est cette notion introduite au Burkina Faso à la fin des années 90 au nom de la dynamisation et de la modernisation de l’agriculture et qui a vite montré ses limites et ses méfaits. Mais du fait que la majeure partie des acteurs de l’agrobusiness étaient les mêmes que les décideurs politiques et administratifs, rien n’a été fait pour arrêter cette hérésie qui continue encore aujourd’hui. C’est ainsi que des hommes et des femmes qui vivent dans la capitale ou dans d’autres grandes villes détiennent des dizaines d’hectares de terres agricoles situées à des centaines de kilomètres de là. Ces hommes et ces femmes qui n’ont souvent de lien avec la nature qu’une fois l’an lorsqu’il s’agit d’aller planter symboliquement un arbre devant les caméras de la télévision. J’ai connu par exemple un avocat de Ouagadougou, distingué homme et du reste très compétent dans son domaine, qui n’a jamais de sa vie tenu une daba( sorte de houe utilisée au Burkina pour le labour), détenir  une vingtaine d’hectares de terre dans la province du houet, c’est à dire à plus de 300 kilomètres de Ouagadougou! Cet homme là dans sa candeur pensait et rêvait de gérer sa ferme comme un business confortablement installé dans son bureau climatisé de Ouagadougou en faisant simplement quelques « sauts » dans « sa ferme ». Soyons sérieux un instant, je ne doute pas de la volonté de cet homme de vouloir exploiter une ferme; mais pensez-vous que c’est ce genre de personnages qui pourront réèllement nourrir à l’avénir les 15 ou 16 millions de Burkinabés? J’en doute!

Parmi les nombreuses vérités qu’assène ce rapport tout au long des 77 pages, il y a la dénonciation des conséquences environnementales de l’agrobusiness. En effet, nombre d’agrobusinessmen, lorsqu’ils prennent possession des terres , font intervenir les bulldozers qui rasent tout sur leur passage, causant la perte irrémédiable de nombreuses espèces végétales pourtant protégées. Il y a un autre point important du rapport qu’il me semble opportun de souligner et qui m’intéresse particulièrement, et pourra même en inspirer d’autres ailleurs. L’étude indexe en effet le rapport qui existe entre d’une part la quantité et la qualité et d’autre part, la taille de l’exploitation; c’est à dire que plus les exploitations sont grandes et moins elles sont productives; alors que plus petites sont leurs tailles, meilleur est le rendement. Cela est dû essentiellement au fait que les exploitations de petites tailles sont mieux gérées, de façon ingénieuse et plus éfficacement; qu’on y pratique plusieurs activités intégrés et non une monoculture intensive.

Ce rapport, même s’il ne recommande pas explicitement l’abandon de l’agrobusiness, souligne néamoins ses errements et méfaits. Il a surtout le mérite et le courage d’exister, ce qui, en soi mérite qu’il soit le plus largement diffusé.

Pour ceux et celles qui voudrait en savoir plus, voiçi le lien pour aller lire le rapport sur le site du GRAF: http://www.graf-bf.org

Dassidia

 

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