S.M, H.B, H.S, S.M, H.M, S.H, H.D et S.D étaient à la barre de la chambre criminelle de la cour d’appel de Bobo-Dioulasso en son pôle criminel siégeant à Banfora et vidant sa session 2023-2024, ce mardi 19 mars 2024 pour des faits de complicité de rébellion, complicité d’assassinat et complicité de dégradation et de détention de biens publics. H.S étant décédé, le tribunal a déclaré l’action publique éteinte à son encontre.
Selon le récit du procureur général, à l’audience, tout est parti lorsque les éléments de la police de Banfora et de Soubakaniédougou, en mission d’interpellation à bord de deux pick-up sont entrés dans le village de Nafona à quelques encablures de Yéndéré, commune de Niangoloko, dans la matinée du 12 janvier 2019. A leur vue, une femme poussa un cri strident et vite, d’autres femmes s’ajoutèrent. Ainsi, tout le village fut alerté et aussitôt, femmes, jeunes et hommes se sont mis en branle et s’en sont pris aux flics en les
agressant par des jets de cailloux, de coups de pilons et de plusieurs autres types d’armes blanches.
Débordés et nonobstant l’utilisation des grenades lacrymogènes, la foule ne désarmait toujours pas et continuait à rouer les flics de coups. C’est alors que le chef de mission S.W.G ordonna à ses éléments d’embarquer dans les véhicules pour un repli afin d’échapper à la foule et aux coups divers qui pleuvaient sur eux. Ils réussiront difficilement à se dégager avec des éléments blessés. Malheureusement, les armes de deux des éléments, aux dires du procureur général, dans leur fuite pour rejoindre le pick-up sont tombées. S.W.G, selon les confidences du conducteur du pick-up, à la barre au titre de témoin, qui n’a pas voulu bouger sans ces armes, est parti avec un autre officier, KT, (commissaire de Soubakaniédougou) pour « négocier » avec la population et reprendre les deux armes tombées.
« Dès que les deux sont partis vers la foule, ils ont été immédiatement pris en otage », a-t-il conté aux juges de la chambre criminelle. Après s’être péniblement s’extirpés des différents pièges de la population, les policiers apprendront plus tard que leur chef et l’officier ont été lynchés. A la barre, aucun des accusés n’a reconnu les faits à eux reprochés. Ils ont tous rejeté en bloc les accusations
du parquet général. L’avocat général, convaincu de la culpabilité des prévenus, a requis 30 ans de prison ferme. Contrairement à l’avocat général, le conseil des accusés a estimé qu’aucun élément dans le dossier ne caractérise l’infraction et qu’aucune charge matérielle n’a été produite contre ses clients. Par conséquent, il a demandé la relaxe pure et simple de ses clients des fins de la poursuite au bénéfice du doute. Pour le conseil, le parquet s’est fondé sur des déductions ou des suppositions. Après 8 heures de débats, la cour a attribué la paternité du lynchage des deux officiers de police aux accusés, et leur a infligé la prison à perpétuité. Une condamnation qui n’est pas du goût de la défense qui entend faire appel, selon Me Marcelin Ziba du cabinet d’avocats Prospère Farama.
Sidwaya