L’ancien et nouveau président du Ghana, John Dramani Mahama, a prêté serment le 7 janvier 2025 à Black Star Square à Acra, pour son deuxième mandat, devant un parterre de Chefs d’Etat et de gouvernement. Après avoir perdu les élections de 2016 et 2020, le Donald Trump du Ghana reprend son fauteuil de président de la République dans un contexte où son pays traverse une crise économique et de menace terroriste au Nord, sans oublier la grande crise que traverse l’organisation sous régionale, qui est la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO).
Visiblement, le nouveau locateur du Jubilee House n’avait pas digéré l’interruption de son pouvoir en 2016. Le bilan mitigé de Nana Akufo-Addo, a certainement favorisé le retour triomphal du leader du national democratic congress(NDC) qui était le principal parti d’opposition. Dans son allocution de prise de pouvoir John Dramani Mahama a promis mettre les bouchées doubles afin redresser l’économie du Ghana, mais également travailler pour le réchauffement des relations entre le Ghana et voisins.
Évidemment le nouveau président aura du pain sur la planche parce que la géopolitique actuelle est marquée par une sorte de guerre froide entre la CEDEAO et l’AES, une nouvelle organisation qui menace visiblement l’existence de la première. Mais manifestement Mahama semble choisir son camp. Parce qu’en invitant le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré à la cérémonie officielle d’investiture, il marque une rupture avec la volonté de la CEDEAO visant à isoler les Chefs d’Etat de la confédération de l’AES, puisqu’ils sont sous la sanction de l’institution et ne peuvent pas se déplacer dans les pays membres de l’instance sous régionale. Pis encore, il a exprimé son intention de nouer des nouvelles relations avec le Burkina Faso.
L’on se rappelle que Nana Akufo-Addo n’a pas été en odeur de sainteté avec le pouvoir du capitaine Traoré. En tout cas pas au début. Les tentions étaient nées surtout lorsque le Ghanéen avait accusé les autorités burkinabè d’avoir donné une mine d’or au paramilitaire russe wagner. Contrairement à Akufo-Addo, Mahama incarne le panafricanisme éclairé. De plus il est élu sous la bannière du NDC du regretté révolutionnaire Jerry John Rawlings, ami du capitaine Thomas Sankara. Il a d’ailleurs été son ministre de communication de 1998 à 2001. Il a egalment fait une partie ses études à Moscou.
Ainsi pour dire que l’homme maitrise bien les relations qui lient le Burkina Faso et le Ghana. Autrement dit c’est une aubaine pour les pays de la Confédération de l’AES qui, en plus du Togo, dispose désormais et avec assurance un pays ayant littoral qu’elle pourra utiliser à sa guise. Certes, même avant l’arrivée de Mahama, le Burkina Faso utilisait les ports du Ghana, mais il est évident que les échanges vont forcément se renforcer dorénavant.
Autre atout pour l’AES, le nouveau président peut certainement peser son poids face à d’éventuelles nouvelles sanctions de la CEDEAO contre l’AES, étant donné que le divorce est déjà consommé entre les deux institutions et que la première ne cesse de brandir des sanctions en cas de divorce. Alors il ne sera pas étonnant d’assister à la mort certaine de la CEDEAO si le Ghana prend la défense de l’AES.
Cependant l’AES ne doit pas croire que tout est acquis avec le changement de régime au Ghana. Parce que le Nigeria, un des poids lourds de la CEDEAO a une grande influence sur le Ghana. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le président Bola Tinubu a été l’invité d’honneur à l’investiture de John Dramani Mahama. Le Ghanéen devrait savoir aussi qu’en s’alliant avec les pays de la confédération il va se faire des ennemis. Parce que l’impérialisme ne joue pas avec ses intérêts. Pourtant soutenir l’AES c’est synonyme de jeter les intérêts de l’impérialisme en pâture. En tout cas, les dirigeants de l’AES et du Ghana doivent retroussent leurs manches et travailler main dans la main s’ils arracher la vraie indépendance. Mais le chemin ne sera pas un long fleuve tranquille.
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