lundi, septembre 22, 2025
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Éditorial : priver un droit, c’est briser la confiance

La confiance est le ciment de toute société. Elle est ce qui nous permet de croire que nos institutions, nos voisins et notre communauté respectent nos droits et notre dignité. Pourtant, trop souvent, certaines personnes ou institutions utilisent leur pouvoir pour empêcher d’autres de recevoir ce qui leur revient de droit, simplement parce qu’ils sont étrangers, vulnérables ou dépourvus de ressources.

Priver quelqu’un de ce qui lui est dû ne détruit pas seulement sa vie immédiate : c’est la confiance dans l’ensemble de la société qui est ébranlée. Lorsque des familles isolées, des réfugiés ou des enfants ayant des besoins particuliers se voient refuser des aides essentielles — un revenu, un logement, des soins ou l’accès à l’éducation —, le message envoyé est clair : la justice et l’équité ne s’appliquent pas à tous.

Ce qui est encore plus dévastateur, c’est lorsque la violation de ces droits survient par ceux qui sont censés protéger et servir. Faire confiance à une autorité, croire qu’elle respectera ses obligations, et se rendre compte qu’elle abuse de cette confiance est profondément décevant et démoralisant. Imagine un parent qui se bat pour obtenir les aides nécessaires pour son enfant handicapé : chaque retard, chaque refus injustifié devient une trahison de cette confiance et un obstacle supplémentaire à sa survie quotidienne.

Ces situations ne sont pas de simples histoires isolées. Elles reflètent un problème plus large : l’injustice institutionnelle qui mine le lien social. Quand un enfant n’a pas accès à ses besoins fondamentaux parce qu’une décision administrative ne prend pas en compte sa réalité, ou qu’un adulte est privé d’un revenu qu’il devrait recevoir, la société entière en souffre. La colère et la méfiance remplacent la confiance et la coopération, et la cohésion sociale se fragilise.

Chaque injustice mine la confiance individuelle et collective. Un parent qui se bat pour nourrir son enfant et se voit systématiquement ignoré ou retardé dans ses droits perd non seulement la sécurité matérielle mais aussi la foi dans les règles qui gouvernent la société. Une société où la confiance est brisée devient fragile, car la défiance, la colère et le sentiment d’abandon s’installent.

La confiance est aussi la base des relations entre les individus et entre citoyens et institutions. Lorsqu’un être humain est privé de ce qui lui revient, il ne s’agit pas seulement d’un acte administratif : c’est un acte de violence contre la dignité. La société doit comprendre que chaque droit refusé, chaque privilège injustement accordé à certains, est une fissure dans le tissu social.

Garantir que chacun puisse accéder à ce qui lui revient, sans distinction de nationalité, de statut ou de pouvoir, n’est pas seulement un devoir légal : c’est un impératif moral et social. La confiance ne se réclame pas, elle se construit, et elle peut disparaître très vite si elle est trahie par l’injustice ou par l’abus d’autorité.

Il est donc urgent de défendre cette confiance. Chaque droit rétabli, chaque injustice corrigée, renforce le lien social et consolide la foi des citoyens dans leurs institutions. La véritable stabilité d’une société ne repose pas uniquement sur ses lois, mais sur la confiance que les citoyens ont dans le fait que ces lois seront appliquées équitablement et respectueusement.

En privant quelqu’un de ce qui lui revient, ou en abusant de la confiance que l’on place en une autorité, on ne détruit pas seulement un droit : on brise la confiance, ce pilier invisible mais essentiel de la cohésion sociale.

Aujourd’hui, il est temps d’agir. Restaurer les droits de chacun, respecter la dignité des plus vulnérables et garantir l’équité sont des actes qui réparent et renforcent la confiance. Et c’est cette confiance, fragile mais vitale, qui permet à toute société de fonctionner et de progresser. Chaque droit rétabli est une brique supplémentaire pour reconstruire la confiance entre les citoyens et ceux qui détiennent le pouvoir, et pour rappeler que la justice n’est pas un privilège, mais un droit fondamental de tous.

AISSEGNAIMON – Juriste-communicatrice

FasoInfos.com | Éditorial du lundi

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