L’ordre mondial tel que nous l’avons connu depuis la fin de la guerre froide vacille.
Un monde en transition
Les certitudes héritées du XXe siècle s’effritent, laissant place à un paysage plus fragmenté et plus instable. Rivalités de puissance, guerres régionales, tensions économiques et recompositions d’alliances redessinent les contours d’un monde en pleine mutation.
Comme le soulignait le politologue Zbigniew Brzezinski, « dans les périodes de transition, le monde est particulièrement vulnérable aux rivalités de puissance ».
Nous ne sommes pas seulement témoins d’un changement, mais d’une reconfiguration historique, où chaque acteur cherche à se repositionner dans une arène devenue incertaine.
Les grandes puissances bousculées
Les États-Unis et l’Europe, longtemps au centre de la scène internationale, tentent de préserver leur influence. Mais leur autorité est désormais contestée par de nouveaux pôles.
La Chine affirme sa puissance économique et militaire, se projetant comme une alternative au modèle occidental.
La Russie, malgré son isolement diplomatique et économique, cherche à restaurer un statut impérial.
Les BRICS, quant à eux, veulent incarner la voix d’un monde multipolaire, plus représentatif des dynamiques contemporaines.
Comme l’écrivait Henry Kissinger, « chaque génération doit redéfinir l’équilibre mondial » : nous sommes précisément dans cette phase de redéfinition.
Les nouvelles dimensions de la confrontation
Les conflits actuels ne se limitent plus aux champs de bataille traditionnels comme l’Ukraine ou le Moyen-Orient.
La confrontation s’étend à d’autres domaines tout aussi décisifs : l’économie, avec la guerre des monnaies et des sanctions ; l’énergie, où le contrôle des ressources devient une arme de négociation ; et la technologie, véritable terrain d’affrontement pour la domination du futur.
L’historien Yuval Noah Harari rappelle à juste titre que « ceux qui contrôleront les données contrôleront l’avenir de l’humanité ».
Dans ce jeu complexe, chaque avancée scientifique ou chaque levier énergétique se transforme en instrument de pouvoir.
L’Afrique, au centre des convoitises
Dans ce nouvel échiquier, l’Afrique occupe une place centrale.
Riche en ressources naturelles, dotée d’un potentiel agricole immense et d’une jeunesse en pleine expansion, le continent attire toutes les convoitises.
La Chine y investit massivement dans les infrastructures, la Russie renforce sa présence militaire et politique, tandis que l’Europe et les États-Unis s’efforcent de préserver leurs positions historiques.
Mais cette compétition n’est pas sans risque : elle peut attiser des fractures internes, prolonger des dépendances et fragiliser la souveraineté africaine.
Comme l’affirmait Cheikh Anta Diop, « l’Afrique doit s’unir ou périr ». Le continent détient en lui-même les clés de son avenir : sa démographie, ses richesses et surtout la possibilité de bâtir une diplomatie indépendante et affirmée.
Les peuples face aux turbulences
Au-delà des stratégies des grandes puissances, ce sont les peuples qui en subissent directement les conséquences. Inflation, pauvreté, migrations forcées, instabilité politique : les rivalités mondiales se répercutent dans la vie quotidienne des citoyens.
Loin des discours diplomatiques, la géopolitique se traduit en réalités concrètes, parfois brutales, qui mettent à l’épreuve la résilience des sociétés.
Comme le disait Raymond Aron, « l’histoire est tragique parce que les hommes la font sans savoir l’histoire qu’ils font ».
Entre chaos et opportunité
La recomposition en cours peut ouvrir deux chemins. Le premier, celui d’un monde multipolaire mieux équilibré, capable de donner plus de voix aux nations émergentes et de favoriser une coopération internationale plus juste.
Le second, celui d’un chaos prolongé, où la confrontation et la méfiance l’emporteraient, au détriment des générations futures.
La véritable question n’est donc pas seulement de savoir qui dominera demain, mais de savoir quel monde nous voulons bâtir au milieu de ces bouleversements.
AISSEGNAIMON – Juriste-communicatrice
FasoInfos.com | Éditorial du lundi