Le Tribunal de grande instance (TGI) de Koupèla a organisé une audience foraine, le vendredi 25 novembre 2022, à Dialgaye, dans la province du Kourittenga, région du Centre-Est. Au total, trois dossiers portant sur des faits d’excision et de viol étaient au rôle.
Pour avoir assouvi ses pulsions sexuelles sur la personne de K.J., Séraphin, un jeune de 23 ans, est derrière les barreaux à la Maison d’arrêt et de correction de Koupèla. Coupable des faits de viol sur K. J., une fille de 16 ans, dans la nuit du 1er au 2 novembre 2022, il a été condamné à 4 ans de prison, dont 2 ans ferme et une amende de 600 000 F CFA assortie de sursis. Au titre des dommages et intérêts, il devra payer la somme de 100 000 F CFA. « Alors que je rentrais à la maison à moto après une visite chez un ami le jour de la fête de Toussaint, j’ai remorqué K. J. en cours de route.
Sur le chemin, je l’ai courtisée et elle a accepté ma requête. Par son consentement, on est passé à l’acte en plein air. Aux environs de 20 h, un pasteur nous a surpris et elle s’est levée et a pris la poudre d’escampette », a expliqué le prévenu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Koupèla, à l’issue d’une audience foraine, le vendredi 25 novembre 2022, à Dialgaye, dans la province du Kourittenga, région du Centre-Est. Appelée à la barre, K. J., la victime, a affirmé avoir été violée par Séraphin. Elle a dit avoir été terrassée et déshabillée par son violeur.
« Il a mis le poids de sa poitrine sur moi et m’a violée », a-t-elle dit. Après plusieurs heures d’audition, l’accusé a fini par reconnaitre les faits qui lui sont reprochés et a demandé pardon à la victime et à ses parents. Il a également imploré la clémence du tribunal. Poursuivies pour des faits d’excision sur des mineurs et atteinte à l’organe génital féminin, le 24 octobre dernier, Liwaogo et Wendlasida ont été condamnées chacune à une peine d’emprisonnement de 12 mois dont 3 mois ferme et une amende de 500 000 F CFA avec sursis. Bernadette, Léonie et Barké ont également comparu pour des infractions d’incitation à la mutilation génitale féminine, le 24 octobre 2022.
Les deux premières ont écopé chacune d’une peine de privation de liberté de 12 mois dont 2 mois ferme et une amende de 500 000 F CFA assortie de sursis, et le dernier, lui, a été condamné à 12 mois de prison et une amende de 500 000 F CFA, le tout assorti de sursis. Cet événement, premier du genre dans la cité de la Pierre blanche, s’inscrit dans le cadre de la lutte contre les Violences basées sur le genre (VBG) dans la région. Il s’est déroulé grâce au concours de la direction régionale du Genre et de la Famille du Centre-Est avec l’appui financier de l’Agence belge de développement (ENABEL).
A cette occasion, le président du TGI de Koupèla, Noé Tougma, a rappelé que l’audience foraine consiste pour un tribunal à se déporter sur tout autre lieu relevant de son ressort territorial pour tenir un procès, c’est-à-dire juger des dossiers inscrits à son rôle. « C’est une possibilité que la loi portant organisation judiciaire a offerte aux juridictions du Burkina Faso, notamment à son article 9», a-t-il précisé. Pour M. Tougma, l’audience foraine vise à rapprocher le tribunal des justiciables au nom desquels le juge rend sa décision. Mieux, elle permet à ceux qui, pour des raisons d’éloignement par rapport au siège de la juridiction, de vivre une expérience en assistant aux jugements.
169 cas de VBG au 1er trimestre
Le président Tougma a, par ailleurs, fait savoir qu’en dépit des sensibilisations faites dans le cadre de la lutte contre les VBG, la pratique a toujours la peau dure dans le Centre-Est. Et ce, à cause des pesanteurs socioculturelles. « Nous invitons la population de Dialgaye à venir assister à l’audience. Ce qui leur permettra de comprendre que la loi condamne les violences faites aux femmes et aux filles », a-t-il indiqué.
La directrice régionale en charge du genre du Centre-Est, Germaine Tassembédo, a confié qu’au premier trimestre de cette année, sa structure a enregistré 169 cas de VBG et 168 au deuxième trimestre. « Ces données ont été seulement enregistrées par mes services. Alors que certaines se rendent directement à la justice, et d’autres, aux services de santé pour une prise en charge sanitaire, surtout en ce qui concerne les cas de viols », a-t-elle précisé.
Selon l’expert sectoriel et thématique droits sexuels et reproductifs à ENABEL, Tiéba Jean Yé, à travers cette audience, sa structure marque une fois de plus son engagement aux côtés du ministère en charge du genre dans la lutte contre les VBG. « Ce fléau mine encore nos sociétés et la région du Centre-Est n’est pas en reste », a-t-il conclu.
Source :sidwaya