lundi, décembre 15, 2025
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⚖️ ÉDITORIAL : La fatigue sociale – quand les plus vulnérables s’épuisent avant les institutions

Il existe une fatigue dont on ne parle presque jamais.
Une fatigue qui ne se soigne ni par le repos ni par le silence.
C’est la fatigue sociale.

Elle frappe celles et ceux qui passent leurs journées à justifier leur existence : formulaires à remplir, dossiers à compléter, preuves à fournir, rendez-vous reportés, réponses différées. Une fatigue lente, cumulative, invisible, mais destructrice.

Pendant que les institutions parlent d’inclusion, de résilience et d’accompagnement, les personnes les plus vulnérables s’épuisent à force d’attendre. Attendre un droit déjà reconnu. Attendre une aide promise. Attendre une réponse qui n’arrive pas. Attendre encore.

Cette fatigue touche les réfugiés, les familles monoparentales, les personnes en situation de handicap, les aidants, les précaires. Elle ne vient pas d’un manque de volonté, mais d’un système qui exige trop de ceux qui ont déjà peu.

On exige de la stabilité à ceux qui vivent l’incertitude.
On exige de la patience à ceux qui vivent l’urgence.
On exige de la rigueur administrative à ceux qui vivent la survie quotidienne.

La fatigue sociale n’est pas individuelle. Elle est structurelle.
Elle est le produit d’un empilement de procédures, de contrôles, de silences administratifs et de discours déconnectés du terrain. Elle est aggravée par l’absence d’écoute réelle et par la déshumanisation progressive des politiques sociales.

Le plus grave, c’est que cette fatigue est souvent interprétée comme un manque de motivation, un défaut de coopération ou une fragilité personnelle. En réalité, c’est un signal d’alerte collectif.

Une société qui épuise les plus fragiles avant de les protéger est une société qui dysfonctionne.
Une démocratie qui parle de droits sans garantir leur effectivité perd sa crédibilité.
Une politique sociale qui fatigue au lieu de soutenir trahit sa mission.

Reconnaître la fatigue sociale, ce n’est pas se plaindre.
C’est nommer une réalité.
Et refuser de la normaliser.

✍🏾 Par AISSEGNAIMON — Juriste et éditorialiste engagée pour la justice et la dignité des peuples.

Éditorial du lundi-Fasoinfos.com

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