Ils ont juré la transparence, ils ont livré l’opacité.
Ils avaient promis de servir le peuple, mais se sont servis du peuple.
Ils avaient juré de rendre le pouvoir à la base, mais l’ont confisqué au sommet.
Ils avaient promis la justice, mais ont consolidé les privilèges.
Ils avaient promis la rupture, mais n’ont fait que prolonger les vieilles habitudes.
Ils avaient promis d’écouter le peuple, mais gouvernent entre amis.
Un jour, les promesses ne suffiront plus.
Les peuples d’Afrique n’attendront plus qu’on leur donne la parole : ils la prendront.
Sous les drapeaux du suffrage universel, nos sociétés ont appris à voter, mais non à choisir.
Car dans la mise en scène démocratique moderne, le citoyen n’est souvent qu’un figurant : on lui donne la parole un jour, puis on la lui retire pour cinq ans.
Les campagnes électorales se transforment en vitrines d’illusions, où chaque promesse est un slogan calibré, chaque discours un produit marketing.
Et quand vient le temps des bilans, la désillusion s’installe…. lente, profonde, irréversible.
De la Côte d’Ivoire au Cameroun, les peuples connaissent cette pièce trop souvent rejouée : des promesses électorales pleines d’espoir, suivies de déceptions chroniques.
En Côte d’Ivoire, la réconciliation promise après les crises politiques s’est transformée en une paix de façade, où les mêmes fractures subsistent sous les discours d’unité.
Au Cameroun, les promesses de réforme et de modernisation se heurtent à un pouvoir qui se perpétue, imperturbable, pendant que la jeunesse s’épuise à rêver d’un avenir ailleurs.
Chaque élection rallume l’espérance, chaque mandat l’éteint un peu plus.
La démocratie africaine devient un théâtre : urnes en scène, justice en coulisse, et citoyens réduits au rôle de spectateurs.
Mais le véritable drame, ce n’est pas la trahison du pouvoir ,c’est l’habitude du peuple à l’accepter.
Car une démocratie qui ne rend pas de comptes n’est qu’une illusion de liberté.
Pourtant, tout n’est pas perdu.
De jeunes voix s’élèvent, des mouvements citoyens naissent, des journalistes courageux dénoncent.
La vraie démocratie n’est pas un cadeau : c’est une conquête quotidienne, un refus obstiné de la résignation.
Une démocratie sans alternance est une monarchie déguisée.
Et quand le peuple se tait trop longtemps, l’injustice parle à sa place.
✍🏾 Par AISSEGNAIMON — Juriste et éditorialiste engagée pour la justice et la dignité des peuples.




