lundi, octobre 27, 2025
Accueil > ÉDITORIAL > ⚖️ ÉDITORIAL : Pouvoir des médias – quand les médias deviennent juges et bourreaux

⚖️ ÉDITORIAL : Pouvoir des médias – quand les médias deviennent juges et bourreaux

Dans un monde saturé d’images, de scoops et de titres racoleurs, les médias ne se contentent plus d’informer : ils jugent, condamnent et parfois même absous avant que la justice ne parle.

Le tribunal médiatique est devenu plus redoutable que le tribunal judiciaire.
Une rumeur peut suffire à détruire une réputation, un titre mal tourné à salir une vie entière.

Autrefois, la presse se voulait le miroir de la vérité. Aujourd’hui, elle façonne trop souvent la réalité.
À force de vouloir “faire le buzz”, certains journalistes ont troqué la rigueur de l’enquête contre le sensationnel. Et dans cette course effrénée à l’audience, la frontière entre information et exécution publique s’efface.

Le “quatrième pouvoir”, censé éclairer les zones d’ombre du pouvoir politique, s’est parfois transformé en instrument de manipulation, au service d’intérêts économiques ou idéologiques.
Plutôt que de révéler la vérité, certains médias la fabriquent, amplifient les peurs et orientent les consciences.
Les médias, censés contrôler le pouvoir , deviennent ainsi un pouvoir sans contrôle.
Leurs mots condamnent avant que les faits ne soient établis.
Leurs images façonnent la mémoire collective.
Et leurs silences, eux aussi, sont des armes : ne pas parler, c’est parfois déjà trahir.

Quand la vérité devient un produit, la justice devient une victime.

Ce pouvoir démesuré crée un déséquilibre dangereux.
Certains médias s’érigent en procureurs, d’autres en juges moraux, oubliant leur rôle premier : servir la vérité, pas l’audience.
Pendant ce temps, le peuple consomme les informations comme des pilules d’émotion : on s’indigne, on partage… puis on oublie.
Et les innocents, eux, paient le prix du mensonge.
Cette dérive s’alimente du silence et de la crédulité collective.
Nous avalons des “vérités” toutes prêtes, sans vérifier la source ni l’authenticité.

Résultat : des vies brisées, des injustices irréversibles et une société qui confond émotion et vérité.
Mais le peuple n’est pas impuissant.
Refuser la manipulation, c’est reprendre son droit à penser librement.
C’est exiger du journalisme qu’il redevienne un métier de rigueur, de courage et d’intégrité.
À chacun de redevenir lucide :
-Vérifier avant de croire;
-Analyser avant de partager;
-Comprendre avant de juger.
Car le vrai pouvoir n’est pas dans les micros, mais dans nos esprits.

Tout n’est pas perdu.
Des voix se lèvent, des journalistes intègres résistent.
Ils rappellent que le journalisme n’est pas un spectacle, mais un serment envers la vérité.

« La liberté de la presse n’a de sens que si elle s’accompagne de la responsabilité de la plume. »

Oui, la liberté de la presse est sacrée mais elle ne doit jamais devenir la tyrannie du micro et du titre.
Quand les médias remplacent la justice, c’est la vérité elle-même qui devient victime.

✍🏾 Par AISSEGNAIMON — Juriste et éditorialiste engagée pour la justice et la dignité des peuples.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *