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An III de l’insurrection populaire au Burkina Faso : retour sur les événements

 

Aujourd’hui 31 octobre 2017. Cela fait maintenant trois ans que le peuple burkinabè avec courage a mis fin au régime de Blaise Compaoré. Un fait exceptionnel en Afrique, et  même au-delà de l’Afrique. Pour la circonstance, nous avons décidé de vous faire revivre l’événement à travers cet article spécial : ans 3 de l’insurrection populaire au Burkina Faso.

31 octobre 2014-31 octobre 2017, voilà trois ans jour pour jour que le Burkina Faso a changé son histoire dans un contexte marqué par « l’entêtement » d’un pouvoir qui se veut éternel et paternel. C’est une insurrection qui a mis fin le régime de Blaise Compaoré, qui régnait depuis près de 27 ans.

Tout le monde le sait après l’élection présidentielle de 2010 que Blaise Compaoré ne pouvait se présenter comme candidat en 2015. Cependant l’entourage du président, et lui-même n’entendaient pas s’arrêter là. Ils avaient multiplié des actions allant dans le sens de forcer la barrière qui faisait obstacle à la candidature du président Compaoré. Cette barrière n’était autre que l’article 37 de la  constitution qui limitait le mandat du président du Faso.

Le 10 décembre 2013, à l’occasion de la fête de l’indépendance à Dori, Blaise Compaoré annonce sa volonté de consulter le peuple par un référendum pour modifier l’article 37, et mettre en place un sénat, une deuxième chambre au parlement. Ce n’est plus un secret, le président va briguer un nouveau mandat. En début janvier, précisément le 4 janvier 2014, 75 membres du parti au pouvoir le congrès pour la démocratie et le progrès(CDP) claquent la porte du parti.

 

 Parmi les démissionnaires, trois poids lourds et membres fondateurs du CDP, à savoir l’ancien président de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré ; l’ancien « tout puissant » ministre d’Etat, ministre en charge de l’agriculture, Salifou Diallo ; et l’ex bourgmestre de la ville de Ouagadougou, Simon Compaoré. Le 18 janvier 2014, l’opposition politique organise une grande marche-meeting à Ouagadougou, sous une pluie battante, chose rare dans le mois de janvier.

Le 24 du même mois, les démissionnaires du CDP créent un nouveau parti, le mouvement du peule pour le progrès(MPP), avec un grand gigantesque meeting, parrainé par Zéphirin Diabré, chef de fil d’opposition politique(CFOP). Roch Marc Christian Kaboré est porté à  la tête du parti. La situation politique nationale s’accélère, d’aucuns affirment une possible coalition entre Zéphirin Diabré de l’UPC et Roch Kaboré du MPP à l’élection présidentielle au cas où Blaise réussissait à forcer la constitution.

Des marches meeting et des contremarches meeting se faisaient et remplissaient les stades recto verso sur le référendum. Un carton rouge est donné à Blaise Compaoré par le président de PDS-METBA, Hama Arba Diallo. Le parti au pouvoir courtise le parti de l’éléphant, l’ADF-RDA, qui rejoint à sa cause. Une majorité absolue est acquise à l’Assemblée nationale.

 

Ainsi, le 21 octobre 2014, le gouvernement décide en conseil de ministre d’envoyer le projet de modification de l’article 37 à l’Assemblée nationale pour vote le 30 octobre. L’opposition politique et la société civile montent le  ton. C’est ainsi que le lundi 27 octobre, avec des spatules, les femmes manifestent contre la modification de l’article 37, dans les rues de Ouagadougou.

 

Une grande mobilisation féminine du ne jamais vu au Burkina Faso. Elles sont soutenues par quelques hommes politiques dont Ablassé Ouédraogo du Faso Autrement. C’est, la présidente du parti pour le développement et le changement(PDC) Saran Sérémé qui était à la tête de cette manifestation. Le mardi 28 octobre, sur toute l’entendue du territoire, à l’appel de l’opposition politique, appuyée par la société civile, la population est sortie massivement pour contester le projet de modification de la constitution. Zéphirin Diabré, le CFOP exige le retrait pur et simple du projet. Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre sont constatés.

Le mercredi 29 octobre, c’est le tour des syndicats de l’enseignement secondaire d’aller en grève pour réclamer l’amélioration de la condition vie de travail. Une réussite car le mot d’ordre de grève est suivi dans toutes les localités du pays. Le jeudi 30 octobre, jour de vote à l’Assemblée nationale. Pour la circonstance, les députés de la majorité avaient passé la nuit du mercredi au jeudi à Azalai Hôtel, un hôtel qui jouxte à l’Assemblée nationale. Ce qui leur permettrait de se rendre facilement à  l’hémicycle.

Cependant, le peuple a dormi d’un seul œil ce jour là. Dès le matin, les manifestants avaient pris assaut  toutes les artères de la ville de Ouagadougou. Surtout le centre ville. L’Assemblée nationale est assiégée, les forces de l’ordre débordées. Tous les quartiers avaient vomi leurs occupants. Même les éléments du régiment de la sécurité présidentielle(RSP), la garde rapprochée du président n’ont  pas pu contenir l’immense foule, déterminée à aller jusqu’au bout.

L’hémicycle est brulé, c’était de la débandade pour les députés qui s’y trouvaient. La télévision nationale mise à sac, les sièges du CDP et de l’ADF-RDA également brulés ainsi les domiciles de certains dignitaires de ces partis. Des pillages étaient constatés partout, et les morts se comptaient des trentaines. Le président du Faso, retranché dans son palais, annonce la dissolution du gouvernement, et décrète l’Etat d’urgence et le retrait du projet de modification de la constitution.

Cependant, cette parole du président du Faso ne dit plus rien aux manifestants. Ils exigent maintenant le départ du président. La machine était mise en marche. « Ça passe ou ça casse » a soutenu Zéphirin Diabré. Le chef d’Etat major de l’armée national, le général Honoré Naberé Traoré annonce la prise du pouvoir par l’armée, une partie des manifestants appellent le général à la retraite Kwamé Lougué à prendre le pouvoir.

 

 Tard dans la nuit, le président du Faso annonce la formation d’un gouvernement d’union nationale et sa disponibilité à un dialogue inclusif. Le vendredi 31 les manifestants restent inébranlables. Les responsables d’OSC comme Sam’sKa le Jah, Smokey, Hervé Ouattara, Marcel Tankoano et bien d’autres tenaient la foule même pendant la nuit la Place de la Nation, QG des manifestants. Les manifestants appellent l’armée à les rejoindre. Dans ‘après-midi, le président du Faso annonce  enfin sa démission.

Le général Naberé Traoré se proclame président. Plus tard, un militaire peu connu du public se déclare également président du Faso. Ce militaire n’est autre que le n°2 du RSP, Yacouba Isaac Zida. Le samedi 1er novembre, après une longue concertation à l’Etat major de l’armée, le lieutenant Zida est retenu comme président pour ramener l’ordre. Une autre histoire commença.

 

Paul TINDANO

Fasoinfos.com  OUAGADOUGOU

 

 

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